MAJ : 16 mars 2021
En 1930, lors de sa visite à la Cour du Cambodge, le roi Prajadhipok (Rama VII) de Thaïlande reçoit des mains du roi Sisowath Monivong plusieurs instruments de musique prestigieux, dont deux chapei. Précieusement conservés depuis lors, ils sont désormais visibles au Musée National de Bangkok et sont dans un parfait état de conservation.
Merci aux conservateurs thaïlandais d'avoir protégé ce trésor !
Les deux chapei sont de tailles différentes, à l'image des vièles tro et des hautbois sralai. Nous n'en connaissons pas la raison exacte mais peut-être y a-t-il un chapei pour homme (le plus grand) et un pour femme ? Par convention, nous les dénommerons, ici et ailleurs sur le site, “Grand Chapei” et “Petit Chapei”.
Les deux instruments sont en bois rouge précieux sans que nous sachions en définir pour l'instant la nature. Tous les organes de couleur blanche (chevilles, sillet et incrustations) sont en ivoire. Le décor central de la table d'harmonie du Grand Chapei et le sillet représentent les armes de la Cour royale du Cambodge. Pour le Petit Chapei, seul le sillet montre les armes royales ; le décor central de sa table d'harmonie est fait d'un complexe décor floral. Toutes les parties en bois sont incrustées de décors floraux en ivoire. Les frettes sont sculptées. Les deux cordiers sont munis d'un dispositif bruiteur à l'image de la cithare krapeu. Le Grand Chapei dispose d'un plectre en corne. Quant aux cordes de soie, elles sont neuves ; il s'agit d'une technologie moderne couramment utilisée par les facteurs et musiciens thaïlandais contemporains.
Sa table d’harmonie est bordée de deux rangées d’incrustation d’ivoire : à l’extérieur des fleurs à quatre pétales appelées pka chan entourées de filets et, à l’intérieur, des fleurs de lys. Son centre est ornementé d’un blason sculpté dans une pièce d’ivoire aux armes royales du Cambodge, de nouveau entouré de fleurs dites pka chan.
Les armoiries royales du Cambodge se composent ici de deux coupes superposées. Sur la plus haute, placée horizontalement, l’épée sacrée surmontée par la version cambodgienne du symbole Om̐. Autour des coupes, deux rameaux de laurier réunis par une fleur pka chan. Derrière, figure un manteau royal. Dans la partie supérieure, la couronne royale du Cambodge, surmontée d’un rayon lumineux. Le blason est flanqué de deux animaux mythiques à la forme très épurée qui sont normalement, à gauche, un lion à trompe d'éléphant gajasimha et à droite, un lion singha. Ici, ils ne sont pas différentiés. L’ensemble est de nouveau entouré d’un double rameau de laurier réuni par une fleur.
Le cordier en bois rouge est bordé et incrusté de décor floraux en ivoire. Il est vissé dans la caisse de résonance. Il possède un vibreur constitué de deux plaques d’ivoire (ou d’os ?). Nous ignorons pourquoi il y en a deux. Sont-elles originales ? C'est le plus ancien témoignage connu de ce dispositif sur un chapei puisque les instruments de la fin du XIXe siècle, qu'il s'agisse du chapei ou du krajappi thaï en sont dépourvus (jusqu'à preuve du contraire !).
The Royal Ballet of King Sisowath Monivong
King Sisowath's visit to Angkor Wat in 1921
The funeral cortege of King Sisowath Monivong