L'instrumentarium des Montagnards

Au Cambodge, les divers peuples — appelés depuis la période indochinoise “Montagnards” du fait de la géologie de leur habitat et par opposition aux régions des plaines rizicoles irriguées — qui peuplent les forêts des provinces du Ratanakiri et du Mondulkiri jouent des ensembles de gongs et des instruments en bambou aux origines pluriséculaires. Ils partagent ces spécificités avec toutes les autres ethnies vivant de l'autre côté des frontières du Viêt Nam et du Laos puisqu'autrefois l'immense forêt primaire ne connaissait pas de frontières administratives. Les nombreuses missions conduites par Sounds of Angkor dans cette région ont permis de rassembler un important matériel de collectage dont nous vous offrons ici la substantifique moelle. Certaines séquences sont agrémentées de scènes de la vie quotidienne de ces peuples.

Textes, photos, audios, vidéos © Patrick Kersalé, 2009-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 2 novembre 2024.

Généralités

Les minorités ethniques du Ratanakiri et du Mondulkiri partagent le jeu des ensembles de gongs et des instruments en bambou. Nous vous proposons, en introduction, deux films réalisés par Sounds of Angkor.

Gongs de tous les pouvoirs

Film réalisé par Patrick Kersalé en 2004 chez les minorités ethniques du Vietnam et du Laos.

Les frontières politiques du Laos, du Cambodge et du Vietnam séparent des peuples de langues austronésiennes et austro-asiatiques qui vivaient autrefois dans la forêt, pratiquant la culture sur brûlis et dressant les éléphants. Ces populations partagent un même patrimoine instrumental : les ensembles de gongs. La musique des gongs a un pouvoir sur les esprits, pouvoir dont dépend la destinée de chacun.

Malgré la révolution communiste, la guerre et la disparition d’une grande partie de la forêt, ces peuples continuent à frapper les gongs. Mais l’esprit qui animait cette musique a changé et ces instruments sont aujourd’hui l’objet d’un tout autre pouvoir…

Le chant du bambou

Film réalisé par Patrick Kersalé en 2005 chez les minorités de Chine, du Laos et du Vietnam.

Les minorités ethniques peuplant le sud de la Chine et les territoires de l’ex-Indochine détiennent un riche patrimoine d’instruments de musique en bambou dont la facture et le mode de jeu sont le fruit de traditions millénaires. Une photographie instantanée de cet instrumentaire musical permet de distinguer les strates d’un développement fait d’innovations fondatrices et d’adaptations témoignant à la fois de brassages et d’isolats culturels.

Bambous percutés, bambous soufflés, bambous munis de cordes, tout une panoplie d’outils sonores au service de la communication humaine et des relations avec le monde de l’invisible. Par delà l’histoire et l’archéologie, la vitrine du temps présent nous offre de contempler les étapes de la création de cet héritage qui, aujourd’hui comme par le passé, continue de s’adapter aux besoins de la société.