MAJ : 5 décembre 2023
Plusieurs types de végétaux ont utilisés dans la facture instrumentale au Cambodge : différentes espèces bois blancs, rouges et noirs, de bambous, de rotins et de calebasses.
On peut distinguer les bois ឈើ blancs utilisés pour les instruments monoxyles (tambours, harpe), les bois rouges et les bois noirs précieux pour certains tambours (skor daey), les lames des xylophones (roneat) et la structure des vièles (tro, tro khmer). N'oublions pas non plus le bambou ou plutôt les bambous, dont diverses espèces entrent dans la fabrication des instruments à la fois des Khmers et des minorités ethniques, et les calebasses khlok ឃ្លោក.
Dans le cadre de la reconstitution des instruments angkoriens, nous avons utilisé le rotin phtaw ផ្តៅ pour fabriquer les deux cadres sur lesquels sont collés les peaux des tambours en sablier timila. Ce matériaux est également utilisé dans la facture contemporaine pour réaliser les cadres du carillon de gongs de l'ensemble kantoam ming et ceux de l'ensemble pin peat .
Un autre végétal, très fin, appelé ropeak រពាក់ Calamus salicifolius, nous a servi à fixer les grelots de long du support des tambours en sablier timila dédiés à la guerre. Cette plante touffue est considérée comme une forme de rotin. Elle possède une tige de 2 à 4 m de long. Elle se trouve à la lisière des zones de crues de la mousson.
Deux types de calebasses (khlok ឃ្លោក), du genre Lagenaria, entrent dans la fabrication instrumentale. Les Khmers ne semblent pas les distinguer par des termes différentiés. La première, robuste, est utilisée par les minorités ethniques pour la réalisation des résonateurs de leurs cithares (cithare sur bâton, cithare tubulaire à cordes métalliques). La seconde, fragile, sert de caisse de résonance pour la cithare kse diev des Khmers. L'une et l'autre sont également consommées.
La calebasse présentée dans cette vidéo est la plus fragile. Selon l'ethnomusicologue Jacques Brunet, elle poussait à l'état sauvage dans les montagnes des Cardamomes (information des années 1960). Aujourd'hui elle est essentiellement cultivée pour la fabrication de la caisse de résonance des cithares kse diev. En effet, les musiciens recherchent des parois fines afin d'avoir une bonne résonance, ce qui exclut un autre usage utilitaire, comme par exemple celui de contenant, ce qui est le cas pour les calebasses cultivées par les populations montagnardes des provinces du Ratanakiri et du Mondulkiri.