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Il existe deux types de xylophones chez les Khmers : le roneat ek (également translittéré roneat aek) et le roneat thung (roneat thong). Le roneat ek est parfois, mais plus rarement, appelé roneat rut.
Chaque roneat se compose d'une caisse de résonance en forme de bateau en bois, sur laquelle sont suspendues des lames en bois noir ou rouge (kranhung, beng, neang nuon) ou en bambou (russey ឬស្សី). Le roneat ek comporte 21 lames, tandis que le roneat thung en a 16. Le roneat ek repose sur un pied central, tandis que le roneat thung est soutenu par quatre pieds placés aux quatre angles. Les lames sont disposées le long de la courbe de la caisse de résonance, deux cordelettes les reliant en passant par des trous latéraux. Ces orifices se trouvent à 2/9 de la longueur totale en partant des extrémités, marquant ainsi les nœuds de vibration des lames. Lors de la fabrication, les lames sont accordées de la manière suivante :
1. En enlevant de la matière sous les lames, entre les deux nœuds de vibration et aux extrémités,
2. En appliquant de la cire d'abeilles mélangée à de la grenaille de plomb à chaque extrémité inférieure. Les musiciens eux-mêmes réalisent cette opération lorsqu'ils doivent adapter leur
instrument à un nouvel ensemble ou le ré-accorder, car la cire sèche et se désagrège, ce qui modifie l'accord.
Les deux pièces de bois (khawals, khaols) aux extrémités de la caisse de résonance du roneat ek sont de forme triangulaire, tandis que celles du roneat thung sont plutôt en arc de cercle.
La caisse de résonance est soit brute et vernie, soit décorée : peinture à motif floral au pochoir, sculpture ou incrustation d'os (autrefois d'ivoire).
Dans l'orchestre pin peat, le roneat ek est toujours placé à droite du roneat thung.
De nombreuses croyances et affirmations non documentées circulent dans la littérature, tant grand public que scientifique. Par conséquent, nous ne nous prononcerons pas à ce sujet. En revanche, sur la base de nos propres recherches, nous pouvons avancer ce qui suit : les premières images connues d'un xylophone au Cambodge se trouvent sur deux fresques du XVIe siècle (datation provisoire en attendant une expertise scientifique), dans le sanctuaire central d'Angkor Vat (bakan). Ces fresques montrent des instruments qui se trouvent aujourd'hui encore dans l'ensemble pin peat. Il est cependant probable que des xylophones en bambou ou en bois, sans caisse de résonance, aient existé par le passé. Les minorités ethniques vivant aux frontières du Cambodge, du Viêt nam et du Laos en possèdent encore. Nous avons également connaissance de lithophones multilames découverts au Viêt nam, datant d'époques très anciennes (sans datation précise pour l'instant). Il semble difficile de concevoir que l'homme ait inventé des instruments aussi raffinés et complexes sans être d'abord passé par des versions en bambou ou en bois.
Les premières photographies de roneat ont été prises par le photographe français Émile Gsell au Palais royal de Phnom Penh entre 1866 et 1870.
Il convient de noter que de tels xylophones, organisés par couple, sont également joués au Myanmar, en Thaïlande et au Laos. Leur apparence visuelle se distingue de manière similaire, avec des montants similaires, ce qui témoigne d'une origine commune.
La tessiture du roneat ek comprend 21 lames, soit 7 notes par octave, ce qui représente 3 octaves, tandis que celle du roneat thung se compose de 16 lames, soit 7 notes par octave, couvrant 2 octaves et une seconde. L'accord varie en fonction de la génération du musicien, de la région du Cambodge et du type d'orchestre. Autrefois, l'instrument était équiheptatonique, mais il est devenu diatonique sous l'influence du Protectorat français, puis de la diffusion massive de musique occidentale diatonique et chromatique à travers les médias.
Ces deux instruments sont utilisés dans les orchestres pin peat et mahori. Lorsque le pin peat est complet, on y trouve les deux xylophones : roneat ek et roneat thung ; dans le cas contraire, seul le roneat ek est présent. Selon la tradition, le premier est considéré comme la voix féminine et le second comme la voix masculine, ce qui, d’un point de vue symbolique khmer, semble incohérent. En effet, dans un couple khmer marié (si ces deux roneat sont perçus ainsi), la femme est toujours placée à gauche de son époux, une tradition déjà visible sur les bas-reliefs de la période du Bayon (fin du XIIe - début du XIIIe siècle). Cela tend à prouver, si cela était nécessaire, que l'ensemble pin peat n'est pas d'origine khmère ! Dans les ensembles de gongs des minorités ethniques, y compris certaines proto-khmères, le plus grand gong — représentant la voix la plus grave de l’ensemble — est toujours appelé “mère”, tandis que le second, au son plus aigu, est désigné “père”.
Les lames sont frappées avec une paire de mailloches dont les têtes cylindriques sont recouvertes de tissu ou de feutre. Sur le roneat ek, la mélodie est jouée avec les maillets en suivant un jeu d'octaves. Le musicien du roneat thung, quant à lui, joue de manière dissociée avec les deux mains. Dans l'orchestre, le roneat ek varie la mélodie, généralement portée, selon le type d'ensemble, par un chanteur ou par le joueur de hautbois sralai. Stylistiquement, le roneat ek est principalement joué en octaves. Pour faciliter le jeu des débutants, les deux mailloches sont reliées entre elles par un fil, sur une distance d'une octave, les lames étant de même largeur.
Le roneat thung produit un son une octave plus bas que le roneat ek.
Le 3 décembre 2017, plus de 5 000 moines vêtus d'orange furent invités par le Gouvernement royal du Cambodge pour une cérémonie d'offrandes pour la paix à Angkor Vat. L'ensemble pin peat du Palais Royal joue de la musique traditionnelle tandis que les dévôts font des offrandes aux moines. On remarquera les armoiries de la royauté khmère et les décors floraux incrustés sur la caisse de résonance des deux roneat. Le roneat thung se tient, de manière canonique, à gauche du roneat ek.
L'ensemble pin peat et le roneat en particulier sont source d'inspiration pour la décoration des bâtiments des monastères bouddhiques. Nous en offrons ici quelques exemples.