MAJ : 1er décembre 2023
Le premier témoignage historique de la présence du bouddhisme en Chine provient du Livre des Han postérieurs. Il mentionne des envoyés Yuezhi, bouddhistes, prenant un élève à la capitale en l’an 2 BCE. La même source mentionne l’intérêt de l'empereur Mingdi (58-75 CE) pour le bouddhisme. Il aurait rêvé d’un homme doré à la tête auréolée. Un conseiller lui ayant dit que son rêve correspondait à la description d’un dieu occidental nommé Bouddha, Mingdi dépêcha des envoyés vers Tiānzhú, au Nord-Ouest de l’Inde, pour en rapporter des effigies. L’ouverture de la Route de la Soie fut alors décisive car elle a favorisa les échanges avec l’Asie centrale. Sur cette voie se trouve les grottes de Mogao, également connues sous le nom de Grottes de Dunhuang. Des centaines de peintures témoignent d'instruments de musique aux multiples influences. Durant des siècles se sont croisés Mongols, Tibétains, Ouighours, et plus largement les cultures chinoises, indiennes, grecques et islamiques. La création de ces grottes aurait duré du IVe au XIVe siècle et particulièrement durant la dynastie Tang, du VIIe au Xe siècle. Le style des peintures change selon les époques, passant d’un style fortement influencé par l’Inde jusqu’à la période purement chinoise, caractérisée par des visages ronds et des corps un peu disproportionnés.
Parmi les 800 grottes, 492 comportent un sanctuaire bouddhiste. 240 d'entre-elles témoignent de chants, de danses et de 4000 instruments de musique de 44 types différents ; 3400 joueurs et plus de 500 groupes différents ont été peints.
Les instruments à cordes n'étaient pas la norme en Chine jusqu'à ce que la Route de la Soie ouvre une fenêtre vers l'ouest avec une offre abondante d'instruments à cordes. Les voyageurs bouddhistes ont non seulement introduit leur foi en Chine mais ont également apporté des instruments légers pour leurs rituels.
La plupart des sites de la Route de la soie ne représentent que des harpes angulaires, ce qui atteste des influences de l'Iran ou des régions plus à l'ouest. Dans certains sites, se trouvent aussi des harpes arquées marquant l'importante influence de l’Inde.
Mais l’influence du bouddhisme décrut fortement après le premier millénaire de notre ère, entraînant avec elle la disparition des harpes arquées.
Les peintures des grottes de Mogao montrent quatre typologies de harpes — angulaire, arquée, vajra et “harpe des steppes”. Le manche de la harpe de la grotte 327 est surmonté d'une tête d’oiseau. Le nombre de cordes demeure indéterminé mais on voit clairement qu’elles sont attachées au manche par ficelage, à la manière des harpes indiennes des dynasties Shunga et Gupta et du modèle birman saùng gauk. Ce dispositif de laçage existait également sur les harpes préangkoriennes et angkoriennes.
Ce personnage est représenté à la manière des apsaras, mais dans un style très sinisé.
Contrairement au personnage précédent, cette harpiste demeure très indienne dans sa stylistique. Elle tient son instrument plutôt qu'elle ne le joue. L'instrument possède quatre cordes. Si ce nombre a une quelconque réalité, il pourrait s'agir d'un instrument dont le rôle est simplement d'accompagner le chant mais non de produire une mélodie, à la manière du bin-baja des Pardhan du Madhya Pradesh.