Hautbois


MAJ : 3 décembre 2023


Jusqu'en 2020, nous annoncions sur ce site que le hautbois apparaissait pour la première fois dans l'iconographie du XVIe siècle de la troisième galerie nord, aile est, d'Angkor Vat. Or, la reconstruction du mur d'enceinte est du temple de Banteay Chhmar (fin XIIe - début XIIIe s.) vient jeter le trouble.

 


Il est difficile, compte tenu de la piètre qualité de la sculpture, de décrire précisément les hautbois anciens. La perce semble droite, voire très légèrement conique, le pavillon peu évasé. La caractéristique de l’instrument est sa pirouette oblongue probablement découpée dans une noix de coco ou dans une feuille de métal. De tels instruments sont encore joué à Java, notamment à Madura, une île au Nord de Java Est (Indonésie) sous le nom de tarompet et perdurent au Cambodge dans l'orchestre funéraire de kantoam ming. Dans ce pays, la pirouette n’était employée, jusqu'en 2013, que dans le cadre privé de l’entraînement du musicien, afin de faciliter le jeu avec la technique de la respiration circulaire. Mais depuis notre mise en corrélation des instruments des bas-reliefs avec  l'instrument réel, les hautboïstes osent désormais jouer en public avec la pirouette, ce qui n'était pas envisageable auparavant.

 


Le hautbois de Banteay Chhmar

Cet orchestre est pour le moins singulier quant à sa composition et sa réalisation. Le premier musicien, à droite, semble jouer du hautbois, reconnaissable à ce que nous pouvons considérer comme une anche et sa pirouette en forme d'ailes de chauve-souris déployées. L'apparition de cet instrument au XIIe siècle, ici à Banteay Chhmar, alors que dans aucun autre temple il n'apparaît est surprenante.


Dans les autres orchestres martiaux, (Angkor Vat, Bayon) l'instrument qui accompagne naturellement la trompe est la conque. Il existe au moins deux occurrences contemporaines d'un mixage trompe/hautbois chez les Damaï du Népal et chez ls bouddhistes tibétains.

Autres musiciens et instruments de droite à gauche :

  • Un joueur de trompe longue se terminant par une gueule de makara stylisée. Ou remarquera que l'instrument est porté à la manière des conques dans les autres orchestre martiaux, avec un bras exagérément relevé. 
  • Des cymbales.
  • Un tambour — de nature indéfini du fait de la détérioration du bas-relief — porté horizontalement avec une sangle ; le musicien semble le frapper avec deux baguettes. 
  • Un curieux tambour cylindrique porté verticalement. L'unicité de cette occurrence dans tout le monde angkorien nous incite à penser que le créateur du bas-relief avait une idée lointaine de l'organologie et du mode de jeu de cet instrument. 
  • Un tambour en forme de sablier frappé à mains nues.

En conclusion : il est difficile de réfuter la présence d'un hautbois dans cet ensemble. Toutefois, la présence de ce tambour cylindrique tenu verticalement jette le trouble sur la connaissance de l'organologie des instruments par le sculpteur. Néanmoins, même s'il ne s'agissait pas d'un hautbois, l'artiste avait nécessairement vu un tel instrument pour représenter son anche et sa pirouette aux ailes de chauve-souris déployées. 


Les hautbois d'Angkor Vat (XVIe s.)

Plusieurs hautbois sont représentés dans la troisième galerie nord, aile est, d'Angkor Vat, en contexte militaire. Ils sont clairement reconnaissable grâce à leur pirouette en forme d'ailes de chauve-souris déployées.

Hautbois avec pirouette oblongue. Angkor Vat. XVIe c.
Hautbois avec pirouette oblongue. Angkor Vat. XVIe c.
 Paire de hautbois avec pirouette. Angkor Vat. XVIe s.
Paire de hautbois avec pirouette. Angkor Vat. XVIe s.
Pon Pong jouant du hautbois avec une pirouette en noix de coco. Cambodge.
Pon Pong jouant du hautbois avec une pirouette en noix de coco. Cambodge.
Inside a bat-shaped pirouette with outstretched wings in coconut. Notice the quadruple reed.
Intérieur de la pirouette en forme de chauve-souris les ailes déployées. Remarquez l'anche quadruple.