La sculpture proprement angkorienne (vs préangkorienne) montre des arbres à cloches (ou carillons de cloches) comportant de deux à cinq éléments. Ces outils sonores sont portés à la main ou suspendus. De nombreuses cloches, isolées ou groupées, issues des fouilles, viennent renforcer notre connaissance. C'est un des rares cas de l'archéomusicologie khmère où l'on ait simultanément de l'iconographie et des objets. En revanche, l'épigraphie ne nous informe pas sur le nom de cet objet, à moins que nous ne soyons pas en mesure de le distinguer. Il s'agit de la seule étude au monde sur ce sujet.
Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 2017-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 13 octobre 2024.
SOMMAIRE
La présente étude est le résultat d'un processus d'investigation étalé sur la période 2006-2023 : recherche iconographique dans les temples khmers, étude des objets archéologiques dans les musées, sur le marché de l'art, recours à l'archéologie intuitive. Il manque toutefois une analyse des matériaux que nous pensons possible puisque nous disposons de quelques échantillons métalliques de cloches brisées.
Nous publions ici l'intégrale de l'iconographie découverte par nous-même (douze scènes). Chacun d'entre vous pourra apporter des compléments d'information en utilisant notre page CONTACT.
Les arbres à cloches ne sont pas, à proprement parler, des instruments de musique, mais des outils sonores au service des cérémonies conduites par des officiants hindouistes et peut-être aussi bouddhistes sous le règne du roi Jayavarman VII. Tous les contextes ne sont pas lisibles dans l'iconographie. Toutefois, ils sont présents dans l'accompagnement processionnel du feu sacré, aux côtés des clochettes à demi-vajra (Angkor Vat, troisième galerie sud, aile ouest) et lors des funérailles. Au Bayon, l'arbre à cloches est associé au jeu de la conque et à la récitation ou au chant des textes sacrés lors des cérémonies religieuses.
Nous n'avons pas de certitude quant au nom spécifique de cet outil sonore. Le seul terme connu pour la cloche à l'époque angkorienne est ghaṇṭā en sanskrit, et katyāṅ en vieux khmer, fourni par l'inscription K. 669, Xe s. Nous avons toutefois de bonnes raisons de croire que ce nom était utilisé pour désigner l'arbre à cloches, puisque la racine du terme sanskrit a donné កណ្តឹង (kantung) en khmer moderne. Nous disposons par ailleurs de quelques rares images figurant des porteurs d'arbres à cloches.
Nous ignorons tout du mode de jeu des arbres à cloches à l'époque angkorienne, mais compte tenu de ce que nous savons à travers l'ethnographie, il consistait probablement en la percussion des cloches de haut en bas dans un mouvement de glissando ; toutefois, la frappe distincte de chaque élément ne peut être exclue.
De nombreuses cloches ont été retrouvées au Cambodge, dans les fouilles archéologiques ou de manière fortuite. Certaines sont visibles au Musée National du Cambodge et dans la collection archéologique du Vat Reach Bo à Siem Reap. Durant les années 2009 à 2016 environ, de nombreux exemplaires étaient encore en vente au marché russe de Phnom Penh. Nous pouvons attester de leur authenticité. Elles étaient seules, par deux, trois et, dans une seule occurrence… cinq, c'est-à-dire un arbre complet. Dans ce dernier cas, deux cloches étaient soudées par la corrosion. L'arbre avait été réparé car deux types de cloches le composaient.
Lors des découvertes archéologiques ou fortuites, les cloches ont souvent été trouvées emboîtées les unes dans les autres, laissant, à la faveur du passage du temps, des traces de corrosion, à l'image de celle présentée ci-contre. L'ellipse bleutée est la trace d'oxyde laissée par la cloche de taille inférieure qui séjourna durant des siècles à l'intérieur de celle-ci.
Les éléments sonores des arbres à cloches sont tout de suite reconnaissables. Ils se distinguent des simples bols de bronze. Pour le novice, leur aspect premier les fait se confondre, mais les cloches possèdent un trou circulaire en leur centre avec, à l'extérieur, plusieurs liserés concentrique. Par ailleurs, le rebord intérieur est épais, généralement de section triangulaire. Autour de la base, à l'extérieur, une à trois lignes équidistantes font le tour de la cloche. On peut également voir, sur certaines d'entre elles, des rainures concentriques peu profondes sur tout ou partie de la surface extérieure, à la manière d'un disque vinyle (microsillon). Après avoir été fondues, certaines cloches étaient usinées sur un tour avec un outil métallique afin de réduire l'épaisseur du bronze pour les accorder. En effet, compte tenu de notre expérience de reconstitution de ces objets par la technique de fonte à la cire perdue, il apparaît que la note obtenue pour un même objet (même diamètre, même hauteur), la hauteur de la note varie. Aussi, seul un usinage permettait d'ajuster la note afin d'harmoniser les cinq cloches.
Nous ignorons sur quel mode étaient accordées les cloches car, à ce jour, nous n'avons pu trouver aucun arbre complet intact. Nombres de cloches trouvées sont fêlées, donc inutilisables. Comme nous l'avons dit plus haut, le métal est très fin, quelques dixièmes de millimètres. Les utilisateurs recherchaient probablement, pour les arbres les plus prestigieux, une résonance globale correspondant à une certaine esthétique qui rendait experte la facture de l'arbre.
À ce jour, aucune analyse de la composition métallique de ces objets n'a pas été faite. Nous ignorons donc le pourcentage de cuivre et d'étain/plomb ainsi que la présence éventuelle d'autres métaux. Peut-être les arbres les plus prestigieux possédaient-ils cinq ou sept métaux ? Ce que l'on peut dire toutefois, c'est que malgré la finesse du métal et sa fragilité, les siècles n'ont pas endommagé la qualité initiale de la plupart des cloches retrouvées dans les fouilles dès lors où elles ne sont pas fêlées.
Il existe plusieurs formes de cloches, allant de la calotte au chapeau melon, en passant par le dôme. Les photos ci-après offrent un échantillonnage global de nos connaissances sur le sujet.
En novembre 2010, nous avons enregistré des éléments d'arbres à cloches angkoriens conservés au Vat Reach Bo à Siem Reap. Nous avons sélectionné les meilleurs exemplaires sur le plan acoustique, bien que certains étaient endommagés. Nous avons également, le 23 novembre 2010, remonté un arbre à cloches à partir d'originaux disparates mais capables de sonner. Cette vidéo est un résumé sonore de ces expérimentations.
Ci-dessous les trois images de détails de la première cloche en forme de dôme entendue dans la vidéo.
Dans trois occurrences, à Angkor Vat, et uniquement dans ce temple, des brahmanes ou des rishi percutent des arbres à cloches en les portant.
Dans la scène du Défilé Historique d’Angkor Vat (troisième galerie, sud, aile ouest), deux brahmanes portent chacun un arbre à cinq cloches de la main gauche. Ils accompagnent le feu sacré. C'est sans aucun doute la scène la plus emblématique de la sculpture khmère dans laquelle apparaissent une paire (couple ?) d'arbres à cloches. Les cloches sont montées sur un axe souple, cordelette ou chaînette. L’officiant du premier plan tient, dans sa main droite, un percuteur constitué d’un manche se continuant par un cylindre montrant des croisillons, peut-être un tressage en vannerie ou une étoffe.
La découverte de l'image en relief ci-contre nécessite l'usage de lunettes anaglyphes bleu et rouge.
Sur les piédroits des portes d'Angkor Vat, se trouvent des milliers de médaillons qui ont une signification individuelle ou corrélée ; il s'agit parfois de véritables bandes dessinées.
La scène présentée ci-dessous se déroule dans la forêt, puisque les images adjacentes dépeignent des animaux sauvages et des chasseurs. Nous qualifierons donc, pour cet exemple et les suivants, les personnages religieux d'“ermites” (ṛṣi (ऋषि) en sanskrit et vieux khmer, parfois traduit par richi/rishi en français) de religion hindoue, nombreux à l'époque angkorienne et, aujourd'hui encore, communs en Inde et au Népal, où ils sont connus sous l'appellation sādhu ou Sadhou. Dans l'Hindouisme, le rishi est considéré soit comme un patriarche, un saint, un prêtre, un précepteur, un auteur d'hymnes védiques, un sage, un ascète, un prophète, un ermite, soit comme une combinaison d'une partie de ces différentes fonctions. Dans l'iconographie, on le reconnaît à sa haute chevelure (ṛṣikeśa) nouée en chignon puisque selon la tradition, la plupart d'entre eux ne se coupent jamais les cheveux.
Il semble que nous soyons ici en présence d'une cérémonie funéraire. À l'extrême gauche, un personnage est représenté les pieds en haut : le défunt. Il existe, à notre connaissance, seulement deux occurrences d'une telle représentation d'un défunt à Angkor Vat, et seulement dans les médaillons des piédroits. La seconde image à partir de la gauche montre un ermite en train de lire un livre de prières gravées sur des ôles de palmier. Au centre, un personnage assis en tailleur. Puis, dans le quatrième médaillon, un manipulateur d'arbre à deux cloches. Le battant est attaché au centre de la cloche inférieure par un lien. À l'extrême droite, un porteur d'arbre à cinq cloches positionné à l'avant de la palanche et peut-être un sac à l'arrière contenant des cloches ? Nous pensons qu'il faut voir, dans ce dernier personnage, un marchand d'arbres à cloches, fut-il ermite. De nombreuses occurrences, à la fois à Angkor Vat, au Baphuon et dans les temples de l'époque du Bayon le confirment. (Voir plus loin le chapitre intitulé “Les porteurs d'arbres à cloches”).
Ici, la scène est incomplète parce que détruite par les infiltrations d'eau, à droite de la divinité. Il pourrait s'agir là encore d'une scène funéraire. Plusieurs ingrédients le justifient :
Sur la ligne de médaillons du joueur d'arbre à cloches, on peut voir, à gauche, un ermite portant des offrandes ou des objets rituels relatif aux funérailles ; il a la bouche ouverte, signe qu'il récite ou chante un texte sacré. Devant lui, un congénère porte et frappe un arbre à cloches à quatre éléments. À droite, la divinité Ganesha assise en position du lotus avec deux attributs : la conque et le disque. Dans le barattage de l'Océan de lait, c'est normalement Vishnu qui est mis en scène. Mais ici, dans cette scène singulière, Ganesha le remplace. Il possède ici ses deux défenses alors qu'il est normalement représenté avec une seule. Ses deux autres mains sont en position d'anjali.
Le Bayon offre deux occurrences d'arbres suspendus à cinq cloches, l'une dans la galerie extérieure sud, travée est, l'autre dans la galerie extérieure est, travée sud. Une occurrence à trois cloches existe également, dans l'angle nord-ouest de la cour, parmi les blocs inutilisés, empilés par les archéologues au moment des premières restaurations du temple. Nous ignorons si les arbres suspendus possédaient des cloches plus grandes que les arbres portatifs, mais c'est une possibilité. En effet, à la lumière de l'image de l'arbre à cinq cloches de la galerie extérieure sud, travée est du Bayon, il se pourrait que la plus grande cloche ait un diamètre compris entre 20 et 30 centimètres eu égard aux proportions des personnages. De telles cloches, non percées, ont existé jusqu'à une époque récente en Inde.
Cette scène de la galerie extérieure sud, travée est du Bayon, représente une cérémonie religieuse en présence d'un personnage important, de grande taille, dont la sculpture est inachevée, peut-être le roi Jayavarman VII lui-même. La présence de piliers, de rideaux, de parasols et d'arbres semble démontrer que la cérémonie se tient dans un bâtiment ouvert. À l'extrême gauche, un officiant semble tenir un livret et un chapelet. Derrière lui, un joueur de conque, puis le joueur d'arbre à cinq cloches. La dimension et la nature du battant, relié au centre de la cloche inférieure, n'est pas explicite. Nous ignorons si les deux scènes, celle des trois officiants religieux et celle où le roi reçoit, constituent un tout cohérent car les personnages se tournent le dos.
Dans cette grande scène d'offrandes (Bayon, troisième registre de la galerie extérieure sud, travée est), le jeu de l'arbre à cloche est associé à celui de la conque. Le personnage (brahmane) qui frappe les cloches semble plus jeune que celui qui souffle la conque. Sa main gauche est posée au sol.
La seule représentation d’arbre à trois cloches provient du Bayon, un haut-relief empilé parmi d’autres blocs au nord-ouest de la cour du temple. La ligne en dépression existant à la base des véritables cloches de bronze est ici parfaitement visible. Il semble complet avec ses seules trois cloches. Nous ignorons si ce bloc appartient à la période bouddhiste du temple ou à l'ère plus tardive de la réaction shivaïte (XIIIe s.). L’élément inférieur semble osciller sous l’action du heurtoir.
La découverte de l'image en relief ci-contre nécessite l'usage de lunettes anaglyphes rouge et bleu.
Un piédroit de la galerie historiée ouest d'Angkor Vat présente deux arbres à cloches joués par deux personnages différents, sans que l'on puisse établir un lien de causalité entre les deux scènes.
La scène du registre supérieur représente la seule occurrence d'un arbre suspendu à cinq cloches à Angkor Vat. Le battant est solidaire de l'arbre auquel il est attaché par un lien souple. Le joueur, un homme de nature indéfinie, fait face à ce qui pourrait être un ermite entouré de deux offrandes. La nature circonstancielle de la scène n'est pas explicite.
Dans la scène du registre inférieur, l'arbre suspendu possède quatre cloches et un battant solidaire. L'ermite fait face à un personnage (congénère ?) flanqué d'une offrande sur sa gauche.
Dans le second médaillon de la ligne centrale, un ermite frappe un arbre suspendu à quatre cloches devant un personnage en méditation. Rien n'indique, dans les médaillons adjacents, une relation à des funérailles. Dans les trois autres médaillons de la même ligne, des personnages en position de prière et de soumission. Cette scène dénuée d'un contexte compréhensible demeure obscure. Toutefois, la présence, au registre inférieur, d'un tigre et de personnages s'enfuyant, pourraient être la source d'un décès et d'une cérémonie de funérailles. De tels occurrences sont présentes dans toutes des scènes à caractère funèbre.
Cet ensemble de cinq médaillons met en scène un joueur d'arbre à deux cloches suspendues (4e image à partir de la gauche) dont le battant est solidaire. On peut noter, fait unique, que le battant dépasse à l'extérieur du médaillon. Le personnage devant lequel se trouve l'arbre à cloches semble être un brahmane ou un ermite. Il tient un livre de prières. Il détourne la tête pour regarder le personnage qui se trouve derrière lui. Celui-ci semble porter, à l'arrière, des cloches brisées enfilées sur un axe. À l'avant de la palanche, peut-être un sac contenant des cloches neuves. La première image, à l'extrême gauche, montre un personnage agenouillé. Ce qu'il porte est imprécis mais ressemble à ce que le porteur à la palanche transporte, c'est-à-dire des cloches brisées. La situation se justifie par la présence de l'arbre à deux cloches ; les trois autres sont brisées. Dans le second médaillon à partir de la gauche, un brahmane ou un ermite se prosterne devant une divinité (?) ou un ancêtre (?) assis sur une fleur de lotus et entouré de deux offrandes triangulaire. S'agit-il d'une cérémonie aux ancêtres ?
Ce piédroit nous offre une véritable bande-dessinée. L'histoire semble être celle d'un accident et des funérailles qui s'ensuivirent. On y voit un éléphant sauvage en train de charger (?), un ermite trébuchant, un personnage aux prises avec un tigre (?), des ermites qui prient, un personnage qui tire le lait au pis d'une vache avec sa bouche, une scène de barattage, l'onction du cadavre avec le beurre clarifié* issu du barattage, et un joueur d'arbre à quatre cloches. L'utilisation de l'arbre à cloches lors des funérailles est ici clairement confirmé.
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*En Inde du Sud, dans le rituel funéraire, le beurre clarifié (ghi ou neï) sert à oindre le corps du défunt ou seulement ses neuf orifices afin que l'âme puisse s'échapper plus facilement.
Quelques rares occurrences de transporteurs d'arbres à cloches ont été trouvées au Preah Khan d'Angkor et à Angkor Vat. Il s'agit soit de deux arbres qui équilibrent naturellement la charge de la palanche, soit d'un arbre d'un côté et ce que nous pensons être un sac de l'autre, contenant des cloches individuelles de diverses tailles et hauteurs sonores. En effet, les éléments des arbres à cloches sont fragiles car le métal est très fin, de l'ordre de quelques dixièmes de millimètres. On peut alors imaginer qu'il fallait parfois remplacer telle ou telle cloche endommagée ; des exemples archéologiques d'arbres composés d'au moins deux natures de cloches le laissent penser.
Ces personnages pourraient être des commerçants spécialisés appartenant au “cercle” des ascètes. Une image de porteur de cloche simple trouvée au Baphuon et une autre dans le pavillon d'angle sud-ouest d'Angkor Vat le laissent penser.
À droite, accroché de part de d'autre de la palanche, deux arbres à cinq cloches. À gauche, un brahmane shivaïte avec son trident. Rappelons que même si le temple de Preah Khan a été construit sous le règne du roi bouddhiste Jayavarman VII, la réaction shivaïte faisant suite à sa mort donna lieu à un remaniement iconographique au profit de l'imagerie hindouiste.
Deux éléments de natures différentes sont accrochés à la palanche de cet ascète. À l'avant, un arbre à cinq cloches. À l'arrière, ce qui pourrait être un sac dans lequel il transporte des cloches de rechange, ou bien des cloches cassées qu'il rapporte chez le fondeur pour recycler le métal, très onéreux à cette époque.
Si la scène ci-après semble similaire à la précédente, s'installe un doute quant à la nature de l'objet situé à l'arrière de la palanche. Dans la scène décrite plus haut, ce personnage arrive à point nommé devant un ermite en train de prier, mais dont l'arbre ne comporte plus que deux cloches, les autres étant peut-être brisées.
Nous avançons l'hypothèse suivante : ce personnage porte, à l'arrière de sa palanche, des cloches brisées qu'il a récupérées auprès d'autres ermites afin de les rapporter au fondeur qui les recyclera. Dans son sac, se trouvent des cloches neuves de diverses dimensions et hauteurs sonores. Notons que les cloches d'un même arbre sont gigognes ; elles s'emboîtent les unes dans les autres une fois l'arbre replié, avec comme limite la contrainte du lien qui les unit. Nous publions ici une photo d'un lot de cloches brisées saisies par la police à des trafiquants, déposées au Musée provincial de Banteay Meanchey.
Le nombre standard de cloches par arbre est de cinq. Bien que certaines représentations, notamment parmi les médaillons d'Angkor Vat, en montrent parfois un nombre inférieur, nous considérons que cela reflète la réalité sur le terrain. Les cloches sont des objets fragiles, et lorsqu'une d'entre elles est brisée ou simplement fêlée, elle devient inutilisable, nécessitant son démontage. Cette situation plaide en faveur d'une utilisation basée sur le glissando plutôt que sur des frappes individuelles.
Le chiffre cinq revêt une signification constante dans le cadre numérique de la pensée hindouiste. Il représente à la fois le nombre de monts du Méru, le nombre de tours sur le Bakan (sanctuaire central d'Angkor Vat), le nombre de pierres superposées en encorbellement formant les voûtes et de colonnes à certaines fenêtres d'Angkor Vat, ainsi que le nombre d'étages des tours des temples angkoriens en briques, entre autres.
Concernant les tours des temples en briques, la dimension des étages diminue graduellement en fonction de l'élévation, tandis que les arbres à cloches sont disposés en sens inverse, avec la plus grande cloche en haut. Il est possible d'imaginer que, sur un plan symbolique, la logique aurait dû suivre celle des tours des temples, mais pour des raisons pratiques liées au transport des cloches, il était nécessaire qu'elles s'emboîtent les unes dans les autres, à la manière des poupées gigognes. Nous pensons que les préposés aux funérailles se déplaçaient d'un lieu à l'autre avec leur arbre à cloches. Ainsi, la priorité a été accordée à l'aspect pratique plutôt qu'à la symbolique.
Des arbres à cloches ont existé et sont probablement toujours utilisés dans les temples en Chine, au Tibet et au Japon. Quelques exemples provenant du Net sont compilés ci-dessous.